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Les mains d’accordéoniste, des doigts qui se placent,
au tout début de leur carrière, ils tournent en rond, sautent un peu trop, cherchent, excités, énervés, accompagnés parfois d’onomatopées bien ressenties, ensuite ils se prennent petit à petit au jeu, à l’apprentissage, à l’advenue de quelque chose comme une sorte d’adresse, les doigts sont vigoureux à force de leurs touchers , ça leur rentre dans la tête, ils se placent plus souvent aux bons emplacements,
Ils le savent c’est devenu plus automatique, ils le savent car ils écoutent bien les sons produits. A force d’avoir trouvé ça et là des inepties, les avoir revues , revécues, corrigées, assimilés, rabâchés, ils sont venus maintenant se placer plus sérieusement ,douillettement, sans le savoir, la main droite pour la mélodie, la main gauche pour le rythme, sans s’occuper l’une de l’autre. Vrai ? par moment elles se jettent un regard , histoire se voir où l’autre en est.
Parfois il se produit un couac, mais elles s’épaulent , se surveillent pour le meilleur, s’encouragent, comme si elles partagent le même souffle, la même origine des ondes magiques qui les traversent.
D’ailleurs elles ne pensaient pas exécuter des morceaux un peu difficile il est vrai, mais voilà
l’une ayant fait le pari d’aller y voir, l’autre a bien voulu accepter la gageure, on réussira, ou personne ! ça prendra le temps et les couacs qu’il faudra, mais le résultat est certain !
« eh ! j’entends bien, je ne suis pas sourde ! » dit l’une, alors l’autre mit du flûté, du glissé, de la souplesse, le morceau devient plus léger et prit son envol , il gagna en finesse, en ressenti…
Les notes suivaient sans discontinuer, fidèles, du temps était gagné, alors des éléments subtils ont pu venir, et durer, la valse à 3 temps, puis à 5 temps apparut, et les silences. Elégance.
Au niveau des 2 mains ce n’était plus comme au début une lutte, chacune laisse sa place à l’autre, travail de collaboration, doigts sereins, habiles, mains vives, admiration mutuelle, elles ne mesurent plus leurs efforts, elles sont parties pour longtemps.
Nous avons parlé ici de mains de musiciens, mais qui nous dit qu’il ne s’agit pas de mains de brodeuse, de couturière, de sculpteur, de céramiste ou potière, d’un mécanicien, d’un tailleur, d’une fileuse, d’une jardinière…