femmes à la buanderie
femmes à la buanderie
Au début, le corps est trop froid
sec avec des crampes,
corps de bois.
Puis linge ,
taché de boue ,de goudron
lourd fardeau inerte,
fibre de toile bistre
ou drap bleu cendré
à porter;
le corps a chaud.
Dentelle,
linge de corps
mouillé
parfois de pleurs;
linge sage
plissé,
ou sarreaux terreux,
toile de chanvre,de lin,
gris de saleté
ou d’encre,
frippes déchirées.
Linge rapiécé souvent
de bien des morceaux aux différentes teintes,
marqués du corps ;
plis ,jointures, ou os saillants.
Femmes à frotter toujours,
arquées accroupies
près de l’eau ,
empreintes sur le corps
d’odeurs ,
mains accrochées sur la toile
de chair et de sang,
frotté si fort.
La peau ,toile d’eau au labeur
sous le son du clapotis
écrits de sel
écumes,
empreintes de l’eau
sur les mains élimées ,disgracieuses.
Courbatures, plis du corps bouillis
délavés et trop rouges.
Le jour est là et la peau pleure
le corps de fatigue
et d’ombre;
l’aigre de la chair sourd,
le labeur amaigrit
la personne yeux délavés.
Puis
battre à tour de bras,
tour de rein
le linge,avec ces morceaux de bois,
brisure du corps
écorce de sel,
teinte dépassée.
Cendre et front trempé
essuyé furtivement
sur visage d’ombre,
encore tordre retordre
à deux les draps blancs lourds.
Lourde brouette à pousser,
goût de poivre.
Fagots, cuve noire de suie grasse;
yeux des lessiveuses noyés
dans les nuées et buées.
Le gras du corps est bouilli,
toile de sel sur la peau
cernes sur les visages.
Corps couvert de gris
et de vinaigre
de fatigue et silence.
Horizon délavé derrière
les larmes trop retenues
de braise et poussière ,
chaleur rouge.
Linge tissu usé à la trame,
frotté savonné à la cendre,
braise et ombres.
Epuisées haletantes,
seulement quelques rares
paroles ou anonnements
pour se lamenter ,c’est trop!
Mais l’usure est l’ouvrage du temps.
Reste le silence,
la prière.
Le linge est porté
sur le fil ,toile d’eau qui choit
du textile;
bonne odeur de savon rafraichi
qui embaume,
toile au vent.