lieux dits

Y a pas grand chose à prédire,

Sauf de tenter de guérir de ces maux terribles

avec une force devenue si ténue.

La fontaine, c’est le repère pour les forces de la nature,

même pour les grands arbres.

L’eau jolie suit et chante, à l’unisson de son intime ,

souterrain et indicible, indivisible.

Dans la fontaine gisent les legs spirituels.

Dans l’intime du bois, de soi,  du toit, de toi

l’eau est fêtée dans ces mains de fines fougères, qui guérissent, par la seule grâce

de leur existence.

L’eau fait sa mimique, sa cuisine.

J’avais un besoin qui me tenait là depuis un bon moment,

debout à côté de ce lavoir, petit creuset,  paralysé par une femme-mousse

avec quelques algues, une féminité aquatique en chemise

Regard rougi et soulagé.

Vive la petite activité de ces petits endroits délaissés.

Le «  Loudieu » semble maintenant loin de ce monde si peu pieux,

qui ne veut rien d’une lessive intime.

Or il est de ces endroits à prendre par la main, porté par l’en soi.

Lieux-source réinventés, reconstruits.

La vieille croix sur son socle me montre cette fontaine dans ces cailloux.

Sources et fontaines, c’est tout ce que je sais des hommes antiques

Des cent hommes anciens aux yeux de diamant clair

devenus comme un souffle ténu dans le vent.

L’eau est si faite, ainsi faite.

Se tourner vers les choses des bois, vers les gnomes, petits témoins des hommes

Nous le savons par les yeux plongés au delà des cieux.

Lieu vivifié par les glandes aquatiques,

ça fait du bien, un corps,

mais nous avons coupé le fil

D’avec ces invisibles coins, ce petit monde de pierres ,d’arbustes,

lande  herbe folle et ruisselet.

Cette nuit au delà des brumes, comme toujours les hommes sont hors la loi.

Ces lieux de vie ancienne, ces «  lieux dits »,

les pierrailles et leur étincelle de vie ,s’en retournent sous terre.

C’est fini ?ça vient dans sa tête, et puis dans l’esprit, mais ça ne tient pas,

ne se transforme pas. Ca va sous terre.