ce promontoire
Ce promontoire que tu vois est habité depuis l’aube par le papillon argenté
qui survole le Porte Feuille lui qui file et défie le temps par son bruissement.
Comme un joli mouchoir, il s’agite à côté des roulottes légères ,arrivées depuis peu.
A côté des choses vues dans les rideaux.
A côté de l’intimité de mes semblables.
Tandis que ce rio file vers ses coins les plus recoins, escorté de ses vallées aux multiples plis.
Juste à côté d’eux je suis à terre, installé pour le boulot
A côté de mes fioles je suis en préparation, en médiation secrétée
Sourcier moi ? je ne connais pas les secrets, les facettes, mais…
Me sens de la famille nomade.
Il sourd des chants, me semble t il, des mélopées, des mélancolies
mélodieuses, cette langue coule en errance,
cette langue du voyage, celle des fils du vent
ces êtres fiers et libres, ces porteurs d’eau ,ces gens indépendants comme elle,
qui pensent comme dit un poème gitan, qu’il est :
« impossible d’emprisonner l’eau des sources
qui a respiré sur mes hanches »
La pureté
Lave tout ce qui peut être sale, y compris dans les relations.
Qui peut être la vie, comme la mort.
L’eau qui pour eux est comme le temps, comme l’espace,
sans fin, celà seulement donne l’idée de l’infini
l’eau c’est l’appareil à regarder le temps ,disait Paul Claudel,
l’eau, c’est la lignée
le respect de la tradition, la mémoire,
l’alliance sacrée des adultes, des enfants.
Seuls se voient , derrière les roulottes, des gamins déguenillés
Quelle tristesse, quel avenir pour eux
Fini les ferrailles, que reste t il, qu’à gratter, qu’à faire des paniers invendables !
Chaparder, quémander ?
Ca charme les coins les plus reculés ou les plus banals, ces roulottes
Elles séduisent cet écrin de verdure
L’attraction de mes fioles, ils regardent d’un drôle d’air…
Ecoutent
Pour eux les sons sont plus importants que les images
Les petits bruits de cette eau,
si vitale, pour la cuisine, la toilette, le linge…
Partout où qu’ils soient, l’eau est présence,
Fil conducteur
J’aime ces confins qui confinent dans un plaisir magique,
A côté des roulottes c’est comme une alchimie
L’eau ,le maillon entre le Forain et le Technicien
Il flotte comme un parfum de la Connaissance
Qu’ils pourraient m’apprendre…
Je veux rêver
Je suis avec l’eau qui sourd, qui fond , foule, qui coule, vient ,
me sens de l’eau philosophale.
Les gamins jouent et courent dans l’eau, la boue, pieds nus ;elle ne leur fait pas peur.
Ils se bagarrent au dessus des ruisseaux…
Je fais mes expériences à côté ,avec mes fioles,
mes ablutions, mes effusions. Mes résolutions.
Je suis avec l’eau ,via la terre. Via le tréfonds des grands fonds. Jusqu’au trognon de la verdure.
Je suis sûr qu’ils pestent contre l’eau , voudraient lui ravir ses capacités
de contorsion, de passe-muraille, d’être partout à la fois.
Enigme des fioles.
A côté d’eux déplie totalement la carte de mes sens, darde vers eux mes antennes
Veut résolument leur enseignement secret,
entourés de cette vallée, dévalée d’un ruisseau délavé.
Pour eux est ce un mystère usé comme un air consterné des lustres
ou bien l’eau les captive t elle vraiment?
Délire
Mille partances vers des airs mystères et autres sentes à chat
Epineux comme des myriades de silex
Roulottes
Jamais trop parties jamais trop là,
mystères du là
En partance vers le port éternel
L’escale définitive,
Où poser enfin la pierre philosophale.
mille précautions pour l’au delà
Bravo pierres calmes ! maisons qui avez ce sang froid !
je fais mes petites ablutions aux côtés de
l’eau qui dénoue, joue contre joue, eau vortex, spiralée
eau qui percole ,eau collature, eau cascadeuse
eau igloo
eau presqu’île
Demain matin, il leur faudra repartir
Vers d’autres pierres aux lilas fleuris,
avec l’étonnement des neiges éternelles
Attendre avant de rester de nouvelles années à terre
Faudra rester hors des vaisseaux de pierre,
dans la verdure ,dans la solitude mais non
Réveilles toi
On a continué, on voulait
Voir cette vie au joli pochoir , cet éternel miroir
Habité par l’au delà
Dans l’intimité de ce promontoire
Bravo pierres calmes ! maisons qui avez ce sang froid !
Et ils causent, ils causent…les forains,
de l’ombre des arbres
et de celle des autres choses
quelle navigation
depuis des lustres
terre, terre !
comme je voudrais le crier
tout sortir des coins intérieurs
être comme elle et cavaler dans la vallée
emportant les secrets de la terre,
comme pierre enchâssée de rubis .