allez cherches

Publié le par trainefeuille

Allez cherches !

Au sein de l’humus, chercher Nostradamus.

 

Il est des gens bien placés

Comme le copain Doucey qui est dans les bâtisses, anciennes, au fin fond de sa campagne.

Retapée par lui même. A côté de personnages .

Il est des êtres ici qui continuent de vivre, depuis on se sait combien de temps.

Combattants attardés au milieu de bois et champs.

J’aime y aller. A la rencontre . Quelque chose ,

un vestige d’infini. Sorte de tranquille fil si on peut dire, sur lequel on essaie de se poser . Pas rustres ni frustres ni étrusques ni remplis de puces, tout juste un peu embusqués vis à vis

du modernisme galopant, du matérialisme anesthésiant. C’est pas forcément comme les aïeux des durs à cuire ,durs au mal et des durs au labeur, mais des amateurs.  Calme, chevaux

 jardins et lectures. Chercheurs appelant la poésie sans mot dire, n’ayant pas peur de vivre avec la mémoire qui vient et tournoie par ici , malmenée parfois par l’ombre ancienne des carnages, des loups, et peut être par des cris des ancêtres.

 

Sur les petites routes du coin je viens, pour retrouver le copain Doucey. Fascination ,ça me rend meilleur. C’est comme quand je me retrouve, par hasard vers Vailly sur Sauldre, de l’autre côté  , si fier au bout de ces petites routes ensoleillées ,-pas loin du musée des sorciers-.

Les anciens n’aimeraient pas que ce pays se vide on le sait.

Mais gardons le copain D.  Avec sa vieille auto , avec son boulot.  Seul sur 2 communes, comme préposé communal pour 200 habitants, dans ces déserts de bosquets de prairies et de céréales

Il en voit des gens, des vieux et aussi quelques parisiens ou anglais ,il les connait tous, nouveaux indigènes -non indigents- qui ont acheté ces anciens corps de ferme et les ont remis en état.

 

Lieu des Terres rouges , de quoi manger ! et s’occuper .

De quoi vivre ici de menues découvertes .

Emotions, à écouter comme des harmoniques

Végétations et vieilles dalles de pierre, et croix celtes des carrefours.

 Les vieux et vieilles en noir ne sont plus là ,c’est sûr ce sont de jeunes vieux, pas usés et pas souvent d’ici.

Qui regardent d’année en année disparaître un peu plus de haies ;sapées ou scalpées par la logique économique, (« on n’est pas des sauvages »). Campagne dont les plaines énormes nourrissent le monde entier, tu parles ! et on vire les habitants .

Ici quelques hommes peinent au milieu de vieux bourgs qui ont les yeux fermés et bien fermés.

Terres rougies et vies passées, trépassées, dépassées par les « choses de la vie » d’aujourd’hui.

Y en a-t-il eu des gens de passage, qui croyaient pouvoir s’installer, puis qui ont abandonné,

c’est trop dur  ,c’est pas comme ça qu’on avait vu les choses. Ont galéré, ça les a pas rendus souriants l’amour de la poésie champêtre, du retour du printemps... La nouvelle énergie n’a pas rejaillie pas sur eux, ils se sentent floués.

Où sont les fleurs sauvages d’antan ? et le gibier ? c’est ça qui marque les quelques conversations qui existent encore dans le bistrot du bourg.

Avec un canon, et puis plusieurs avec la tournée ; faut bien, au long du bourg ancien.

Et des récoltes ! ah oui pour sûr on en parle !!

 

Mais on n’y verra rien depuis le fin fond des villes ,où on se cache.

Comment rester heureux dans le fond des blés mûrs. Comment aller le chercher, le bonheur.

Celui dont on rêve dans les villes, avec la maison ,la sienne à soi, à la campagne.

Pour aller pêcher à la ligne.

 

Je me pointe à manger chez eux à midi, c’est sans problème ; accueil simple et généreux.

Elle, est  assistante à domicile, va dans les habitations aider les petits vieux ,à s’habiller, à manger, à faire des courses, leur fait le ménage, leur fait un brin de causette, ou plutôt un geste sérieux de civilité. Ca n’a pas l’air de rien et c’est essentiel. Vital pour le moral.

 

Les petits vieux, petites vieilles, ils sont seuls, été comme hiver. A se remémorer quand ils couraient dans la cour de l’école,  près du lavoir, ou les parties de pêche à la grenouille. Et mâchouiller des idées noires.

Ils ne voient plus les chemins ou les petites routes qui serpentent .Et au bourg ils ne vont jouent même plus jouer aux cartes, maintenant.

C ‘est fini. Les petits vieux ici sont comme l’hiver : mis à nu.

A l’écart. Quel rencart ?

 

Et ça recommence-si peu- l’été avec quelques cyclos de passage.

Soyez heureux, sur ce, bonsoir !

Même les dolmens ici meurent, il n’y a personne pour les regarder .Ecouter les buissons.

Que font les voitures à passer si vite dans la campagne qui ne te nourrit plus.

Et nos haies ? disent les oiseaux .

Tout le monde attend. Que le Moteur redémarre, que l’Economie reprenne, cette mystique tout là haut, et pourtant bien concrète, terriblement ; pas très fantasmagorique , quoique.

Avez vous compris : il faut tout équiper pour ces messieurs dames du tourisme du 3è et du 4-5ème    âge qui vont débarquer par trains par cars entiers ! ce sera ça la vitalité de nos campagnes.

Soyons heureux, sur ce ,bonsoir !

 

Mais vivent les herbes sauvages ,les graminées et digitales , le plantain, le sainfoin et la sauge, le sureau et les épines !

Avoir les pieds dans un bonheur d’être.

Dans les bourgs anciens, je demeure. Bien, mais  c’est pas facile les câlins avec les pierres.

 

J’ai quitté ce matin la Zup St Jean et ses gratte ciel valeureux à toute vapeur et je suis maintenant assis, adapté à la petite vitesse des mousses vertes. A boire de la nature, pour un brin de bonheur de juin. La nature m’écoute.

Et j’écoute .

Et aussi les petits vieux ,potelés comme les collines du coin , que le copain D. m’emmène voir chez eux, dont un ancien maire, bien dans sa peau et sa belle datcha.

Il me faudra survivre au bonheur d’être là, et ce soir repartir vers d’autres horizons plus urbanisés, civilisés.

 

Mais moi je veux revenir et être là pour les récoltes 

Comme ces anciens bien campés dans leur campagne  dont l’esprit aime aller  galoper à la recherche de quelque animal facétieux , qui saura leur parler de la vie, la mort.

Princes de la terre , connaissant le chant de la pluie, celui des grillons et les couleurs du lever du jour.

Ils ont toujours cherché la vie ici, au profond de leur vérité, de leur labeur.

Les petits vieux, c’est les fleurs et les soleils de la contrée.

Ils se demandent comment s’en tirer, comment le pays va pouvoir vivre.

 

En vélo ,loin de la fausse campagne des bords de zup et d’autoroute

Revenir sillonner inlassablement ces coins et recoins. Ne rien trouver que son idée fixe

et ces arômes de plantes à respirer. A tourner autour. La nature est elle neutre ? Elle m’invite à manger des mûres, sur les bords des Terres rouges. A regarder les abeilles butiner.

Au confort, je parle à mon grand père, à ma grand mère. Dans une pseudo solitude c’est de la sollicitude !

Villages et hameaux  de ma mémoire, ancrés dans leur activité rurale, mais quelle est elle, aujourd’hui qu’ils sont envahis par les hautes herbes,  les mauvaises herbes entre les persiennes, par les hangars rouillés, qui craquent ou crient, et par le silence.

 

Pas d’agriculteur visible.

C’est que c’est dur le célibat.

Comment régler son compte à la disparition. Au delà des lettres et des mots. Une compagne ! Pas une morne campagne.

Celles dont on a rêvé sont parties dans les villes , depuis longtemps- vive les banlieues où y a du sourire, et plein de gens animés et colorés !-.

 

Etre dans la famille Doucey au moment du repas du midi. Prendre l’apéro.

Mais avant prendre en photo ce lavoir ,avec sa petite plage de sable fin.

Ce petit trouloir, laveau ou bien petit latrou je ne sais. A devenir fou !

De pierre en lierre, jamais fait à l’idée qu’un vieux lavoir soit sinistré de ronces. Petit miroir à prendre.

A fond les poumons se plonger dans un ciel vertige , remonter le temps entre mousse et cailloux. Ca secrète et ça chatoie.

Aimer la même chose, et la même rose.

 

La réalité revient, avec le vent. Se frotter le visage avec de la menthe fraiche

à force de toucher aux coins humides.

Vibrer de cette banalité, de cette révélation :

petite vie des vieux du coin ,autour d’un verre , à causer la main

sur le cœur, de leur histoire, de leurs histoires.

Connivences à écouter, il y a encore des temps pour ça.

 

Ce petit pays

L’user le sucer comme une friandise jusqu’à extinction, mais ça va

rien ne presse.

S’égarer au fin fond du bien fondé,

Aimer la même chose, la même rose.

 

Publié dans poésie berry

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